Eau et aménagement
Cette rubrique est un support de documentation et de sensibilisation destiné aussi bien aux élus qu’au grand public. C’est l’occasion pour les particuliers de découvrir des techniques utilisées à l’échelle communale et de comprendre un peu mieux certains problèmes auxquels les élus sont confrontés au quotidien. Il a pour thème l’eau et se décline en quatre parties.
Ces parties sont liées entre elles par des interactions multiples car l’eau forme un tout; une masse qui circule et qui accumule la pollution ; une masse que nous buvons et souillons à la fois. En effet, les eaux pluviales, une fois tombées, peuvent s’infiltrer, s’évaporer, ruisseler, être utilisées par les plantes ou récupérées par l’homme. Mais au bout du compte elles aboutissent toujours à un cours d’eau puis à la mer.
Alors faut-il rappeler que les critères de qualité de l’eau potable sont uniquement basés sur les substances détectables et que toutes ne le sont pas ? Faut-il rappeler également que même si un polluant est détectable, toutes les stations d’épuration ne sont pas forcément équipées pour le traiter ?
Un peu d’histoire
Durant l’Antiquité, les Romains avaient déjà inventé les égouts. Rome en a été pourvue la première (fin du VIIe, début du VIe siècle av JC) et son prestige en a bénéficié (Alain Bouet, 2007).
Au Moyen Age, dans les villes françaises, les eaux usées, déchets et immondices étaient jetés Entre les ruisseaux boueux et les égouts souterrains, dans les rues par les fenêtres et allaient rejoindre les eaux pluviales dans les petits ruisseaux urbains. Ces ruisseaux servaient donc d’égouts à ciel ouvert (E. Chouli, 2006).
Ce sont les plus grandes villes, en particulier Paris (capitale française mais également métropole de colonies), qui se sont dotées le plus tôt de grands réseaux d’égouts à partir du XIXe siècle, pour lutter contre les épidémies de peste, de choléra et de typhus.
Les grandes épidémies ont fait réagir. Il fallait assainir les villes,
évacuer les eaux le plus rapidement possible pour éviter leur stagnation et la propagation des maladies, c’est l’avènement du courant hygiéniste. Il a abouti au « tout-à-l’égout », réseau d’assainissement collectif unitaire (qui évacue les eaux pluviales et les eaux usées sans distinction dans les mêmes canalisations). À cette époque, la récupération d’eau de pluie était très mal vue. La reconstruction lors de l’entre-deux-guerres a été l’occasion d’étendre le réseau.
Puis, avec l’étalement urbain et la population grandissante, la capacité de traitement des stations d’épuration et la taille des canalisations se sont avérées insuffisantes pour gérer plus avant l’augmentation de charge. De plus, lors de pluies importantes, une partie de ce mélange eaux usées/eaux pluviales était par conséquent déversée dans la nature, sans traitement, où elle engendrait une pollution, ou éventuellement vers un bassin de rétention provisoire (solution plus récente et pas systématique).

Une entrée de la cloaca maxima à Rome.
Photo : lettre d’information n°9 du Laboratoire.
d’Etudes et de Recherches sur les Matériaux.

Entre les ruisseaux boueux et les égouts souterrains,
la ruelle pavée avec égout central, ici à Senlis (60).
Photo : CAUE 60.

Un avaloir à Chantilly (60).
Photo : CAUE 60.
Puis récemment, on s’est aperçu que toute cette eau pluviale déversée en un seul point polluait le milieu récepteur. L’eau de pluie que l’on supposait propre est en fait polluée, notamment en raison de son ruissellement sur les voiries et les toitures métalliques. Elle contient alors des hydrocarbures, des métaux lourds et des poussières variées. Il faut donc éviter à l’eau de ruisseler et pour cela la traiter au plus près de son
point de chute. C’est la gestion à la parcelle.
Ainsi, au cours de l’histoire, on est passé d’un objectif d’assainissement des villes pour éviter les épidémies et les inondations à un objectif d’assainissement de l’eau pour éviter la pollution du milieu naturel et les inondations. Cette tendance se ressent fortement dans la directive cadre européenne du 23 octobre 2000, dont l’objectif est de parvenir pour 2015 à un bon état des eaux de surface (critères chimiques et écologiques) et des eaux souterraines (critères chimiques et quantitatifs).

Les déversoirs d’orage répartissent l’eau entre la station d’épuration d’une part et le milieu naturel ou un bassin de rétention d’autre part. Ici, la canalisation du haut déverse son trop plein dans celle du bas.
Photo : administration de la gestion de l’eau du Grand.
Duché de Luxembourg.

Au contact des toitures métalliques,
l’eau de pluie se charge en polluants.
Photo : Tous Styles de Toitures.
Pour en savoir plus
La Directive cadre européenne sur l’eau
Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur les Matériaux, lettre d’information n°9 : les égouts romains
Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur les Matériaux, lettre d’information n°9 : les réseaux d’assainissement
Rapport du Sénat sur la qualité de l’eau et l’assainissement en France